Le travail est en pleine transformation, le fond et la forme mutent. Ceux qui se lancent à leur compte font beaucoup parler d’eux, et sont souvent mal compris. Décorticage de mes premiers pas en tant qu’entrepreneure, ce chemin entre passion et incompréhension.
Travailler sans gagner d’argent, est-ce que c’est vraiment travailler ?
Depuis mon Master et mon CDD terminé, trois années se sont écoulées, sans que je ne sois de nouveau salariée. J’ai pris le temps de voir du Monde. J’ai pris le temps de me chercher, et de devenir celle qui n’osait pas être.
Je n’ai pas travaillé.
“Travailler” Petite Larousse : Avoir une profession, exercer un métier. Étudier. Produire un revenu. Réaliser une production, produire.
Durant ces 3 années, je n’ai pas travaillé, enfin, pas toujours pour de l’argent. J’ai fait des petits boulots, j’ai même travaillé contre un logement et des repas. J’ai écrit un livre qui se vend bien, mais qui ne me rapporte pas l’équivalent d’un salaire. J’ai animé des ateliers de développement personnel.
J’ai même payé pour réaliser une certaine forme de travail, intense, long, rempli d’épreuves où il faut faire preuve de bien plus de persévérance que dans mes précédents emplois ; j’ai étudié.
Dans certains regards, je comprends que je n’ai rien foutu.
D’ailleurs, la première année, je ne savais pas comment me présenter. Notre activité (professionnelle ou étudiante) nous définit si profondément que lorsque ce statut est inexistant, nous aussi on a l’impression de disparaître.
Aujourd’hui, je travaille parfois en tant que bénévole dans une association où je participe à “réenchanter le monde”. Là encore, ceci n’est pas réellement reconnu comme un travail.
Aujourd’hui, je travaille à mon compte et ceci me permet d’exercer et de partager mes talents à l’étranger, de voyager. Et là, encore, j’ai l’impression que pour les autres, je ne fais que m’amuser.
Travailler en s’amusant, est-ce que c’est vraiment travailler ?
“Travailler” Petite Larousse : Faire un effort soutenu pour obtenir un résultat. Latin populaire *trepaliare*, torturer, du bas latin trepalium, instrument de torture.
Parce que oui, le travail se veut difficile. Il doit être un effort. Comme le fameux “tu accoucheras dans la douleur”, le travail n’est pas fait pour prendre du plaisir.
Alors, voilà que je me pavane à aimer ce que je fais ! Suis-je folle ? Débarrassons-nous de ce tabou ancestral du plaisir au travail ! Rire, s’amuser, humour et légèreté peuvent et doivent cohabiter avec les mots “professionnalisme”, “efficience”, et “finance”.
Laissons entrer le jeu au travail ! Puisque c’est encore la meilleure façon d’acquérir des connaissances et d’apprendre à se connaître (nous et les autres).
L’incompréhension de mes proches face à mon métier me laisse perplexe…
Parce que j’ai des horaires atypiques :
Je suis la seule à décider de l’organisation de ma journée, les horaires de bureau n’ont plus d’effets sur ma vie. Je travaille de chez moi, et au fur et à mesure, les mots de mon vocabulaire ont été précédés par cet incroyable “auto” : auto-motivation, auto-régulation, auto-persuasion. Pour réponse à mon besoin de liberté, mon auto-nomie.
Je suis donc en décalage avec le rythme de mon entourage. Je peux aisément libérer quelques heures en journée pour les voir ou prendre du temps pour moi. Ce qui ne les arrange pas évidemment… car en réalité, moi, le soir, je travaille.
Parce que je dois tout faire toute seule :
Pour mon premier contrat, de la première prise de contact à la négociation financière, j’ai eu envie de me retourner en cherchant du regard mon boss, mon supérieur, n’importe quel décisionnaire, pour assurer mes arrières, me rassurer, décider à ma place. Mais rien… personne. J’étais seule. Seule pour choisir.
J’ai alors compris que j’allais être seule pour chaque étape, de la plus simple et agréable à la plus complexe et difficile. C’est à moi seule de m’orienter, de choisir un chemin, et de m’entourer des bonnes personnes pour avancer. Pour la première fois, j’ai toutes les cartes en main et je dois avouer que c’est assez impressionnant. Je découvre la charge mentale des entrepreneurs. Je dois penser à tout.
Parce que “oui” je travaille, même lorsque vous pensez que “non” :
Lorsque je lis un livre, que je regarde un documentaire, que j’assiste à une conférence, à un atelier, que je participe à des dîners professionnels, que j’écris un article, que je modifie mon site internet, que je passe des heures sur les réseaux sociaux pour faire connaître ma société et mes services : OUI, JE TRAVAILLE ! Et il se trouve en plus que c’est souvent le soir que ces tâches s’effectuent…
Je crois que c’est la chose la plus difficile à faire comprendre à mon entourage — en dehors du fait que mon métier consiste à accompagner des personnes à se découvrir et à développer leurs qualités humaines : ça, c’est lunaire pour beaucoup.
Souris à ton job et ton job te sourira, ça marche ?
Ce dont je suis persuadée c’est qu’en prenant le temps de mieux se connaître tout en ayant la volonté d’évoluer, on s’aligne de plus en plus sur le chemin de sa vie. On s’entoure des personnes qui nous correspondent, on multiplie les actions qui ont du sens pour nous, on attire ces autres qui nous ressemblent, et les opportunités fleurissent.
En étant vraiment moi-même, j’ai pris des décisions difficiles, j’ai pris mon courage à deux mains, je me suis laissée porter aussi. La vie a répondu en retour : rencontres, collaborations et contrats se sont enchaînés.
Aujourd’hui, mes journées sont pleines de créativité, d’humanité, de liberté. Elles sont aussi ponctuées de challenges, d’organisation, d’administration, de petites tensions, car prendre du plaisir en travaillant, ce n’est pas se couper de la réalité (c’est loin d’être le monde des bisounours, je ne fais pas que des tâches qui me plaisent!) et c’est surtout continuer à évoluer, à grandir, à apprendre !
Je crois que c’est exactement ce que nous recherchons dans le travail : s’épanouir avec plaisir en continuant d’être challengé pour grandir.
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