Salut Kévin, tu peux te présenter à nos lecteurs ?
Salut TYT, je m’appelle Kévin Bosc, j’ai 29 ans et je suis originaire de Valence. J’ai commencé mes études à l’Université de Lyon où j’ai obtenu une Licence de droit privé. Puis j’ai passé les concours d’admission aux écoles de commerce et j’ai intégré SKEMA à Sophia Antipolis.
Durant mes études j’ai eu l’opportunité de faire des stages de six mois chez Dassault et Philips à Paris, ainsi qu’à Londres à la CNBC. Et enfin j’ai passé ma dernière année d’étude aux Etats-Unis, sur le campus de SKEMA à Raleigh, en Caroline du Nord. J’ai ensuite enchaîné sur un stage de fin d’études chez Canal +, mais au bout de trois mois j’ai saisi l’opportunité de travailler chez Google à Dublin.
Au total, j’ai passé 3 ans en Irlande. J’ai commencé en tant que Associate Account Strategist et résolvais les problèmes d’optimisation de nos clients. Puis j’ai été promu Account Manager au bout d’un an et demi.
En janvier 2015, j’ai pris un peu de recul sur ma situation et je me suis rendu compte que je n’étais pas aussi heureux que je pouvais l’être. Je ressentais le besoin de voir autre chose. Mes tâches étaient plutôt répétitives et je n’apprenais plus rien à ce poste, ce qui commençait à avoir un impact sur mon moral. J’ai commencé à postuler dans toutes les grandes entreprises du numérique, puis j’ai eu l’idée de ma boite. Deux semaines plus tard je lançais Refer Me please.
Vie d’entrepreneur oblige, je suis retourné temporairement à Valence vivre chez mes parents. Mes associés eux sont pour le moment situés à Paris et à Dublin.
Pourquoi as-tu choisi de travailler dans le numérique ?
Au départ, c’était principalement une question d’image et de notoriété. Pour moi innovation était synonyme de liberté. Dans les boîtes technologiques tu as la possibilité de mettre en application tes idées, de les développer sans être brusquement freiné par tes supérieurs. J’ai toujours rêvé de la silicon valley, du fait de pouvoir aller travailler en short sans pour autant être jugé sur mon professionnalisme.
Est-ce que ton expérience dans ce milieu t’a en partie encouragé à entreprendre ?
Dans ces boîtes là (Google, Facebook, Amazon, etc) la philosophie est très simple : tu tentes, tu analyses et tu agis en fonction de ce qui ressort. Je dois dire que cet état d’esprit m’a beaucoup marqué.
Chez Google je travaillais sur Google Analytics, donc les tunnels de conversion, la collecte et l’analyse de données, ça me branchait. Et tout cela est très présent dans mon attitude actuelle : Mesurer, Analyser, Optimiser.
Du coup, tu as décidé de créer Refer Me Please ?
Exactement. Refer Me Please est un réseau social de recrutement par cooptation. Les jeunes diplômés qui s’inscrivent sur la plateforme bénéficient d’une mise en relation directe avec les employés des meilleures entreprises. Si ces employés pensent qu’il y a un bon fit avec le candidat, ils peuvent alors en parler au service des ressources humaines afin de le coopter.
C’est un modèle très anglo-saxon. Aujourd’hui, 70% des entreprises ont un système de cooptation mais la moitié de leurs salariés n’utilisent pas ce système. Refer Me Please simplifie ce système, et permet au candidat d’augmenter ses chances, tout en connaissant mieux les missions puisqu’il aura échangé avec l’employé de l’entreprise. Ce dernier, qui a permis à son entreprise d’économiser de l’argent et d’embaucher une valeur sûre, pourra même toucher une prime.
Nous avons donc lancé notre MVP (Lire l’article sur les 5 étapes pour créer une startup) en Juillet 2015 et l’avons testé suffisamment longtemps pour bien analyser les comportements des utilisateurs.Un article dans Product Hunt a même fait planté notre site en fin d’année 2015.
Nous avons lancé la V1 en avril 2016 et cherchons actuellement à intégrer un accélérateur de start-ups américain.
Et ton équipe, d’où vient-elle ?
J’avais un ami (Julien) très costaud en analyse financière à qui j’ai proposé de réaliser le prévisionnel financier de Refer Me Please contre un peu d’argent. Il a adoré le concept et a démissionné pour s’associer alors qu’il travaillait chez BDO International.
Le second (Maxime) était un collègue du premier chez BDO. Il travaillait en datamining et a également adoré le concept. Il est devenu CTO de Refer Me Please.
Et la troisième personne qui bosse avec nous est notre BizDev (Remi), qui lui était un collègue de Dublin avec qui j’organisais des afterworks pour professionnels.
Quelles sont les grandes lignes de votre modèle ?
Aujourd’hui nous avons une présence dans beaucoup de pays mais sommes principalement concentrés sur la France, les Etats-Unis et le Royaume Uni. Nous comptons plus de 200 entreprises référencées à travers leurs employés. Nous avons des entreprises dans le conseil, des boîtes du numérique, des grandes, des petites.
Quant aux diplômés, pour le moment ils sont principalement diplômés de grandes écoles type Harvard, Yale, etc. Nous ne proposons pas de stages, mais principalement des jobs pour les 25-34 ans.
Refer Me Please est pour le moment entièrement gratuit, et nous envisageons d’adopter un modèle freemium par la suite (inscription gratuite, mais paiement d’un abonnement mensuel pour avoir accès à plus de fonctionnalités).
Refer existe depuis peu de temps, mais vous êtes déjà présents à l’international. Tu vois ça comme une nécessité ?
La cooptation est une méthode de recrutement qui évolue beaucoup en fonction des cultures, ce qui nous oblige à adapter notre offre en fonction des pays. Les systèmes anglo-saxons étant très friands de la cooptation, s’implanter aux etats-Unis est donc pour nous une priorité. Nous sommes actuellement en train de postuler aux plus grands accélérateurs de start-ups américains afin de bénéficier de leur expertise et de la croissance américaine. La cooptation est mieux comprise, la croissance plus élevée. Si tout se passe comme prévu, en janvier 2017 nous partons tous là-bas.
Nous nous développons actuellement grâce à des ambassadeurs dans les universités qui ont pour rôle de promouvoir Refer Me Please. Nous comptons actuellement 10 000 utilisateurs sans avoir eu recours à la publicité et nos membres ont déjà été embauchés dans les plus grandes entreprises telles que Linkedin, Oracle, Dropbox, Facebook ou Google.
Quel est le plus gros défi qui vous attend ?
Notre plus gros défi à venir est celui de la levée de fonds. Nous avons une belle roadmap, un beau marché et des opportunités énormes. Mais pour conquérir ce marché et saisir ces opportunités, nous devons rapidement lever des fonds pour embaucher les personnes compétentes qui feront avancer la boîte.
Qu’est-ce qui te pousse à te lever le matin et où puises ton énergie ?
C’est ma start-up qui me donne toute mon énergie et qui m’encourage à me lever, chaque matin sans exception. Je vis quasiment que pour elle, c’est en quelque sorte ma 2ème femme.
J’ai la chance d’observer directement l’impact de mes actions. Quoi que je fasse, les résultats apparaissent dans la journée, avant que j’aille me coucher.
Pour ne citer qu’un exemple, l’autre jour j’étais dans le train pendant deux heure et j’ai décidé de faire une vidéo avec tous les entretiens d’embauche que l’on trouve dans les films. Une fois publiée sur youtube, la vidéo a eu un impact immédiat et nous a permis de nous faire connaître un peu plus.
Si cela n’avait pas marché, je ne l’aurais simplement pas refait. Mais j’ai beaucoup appris.
Est-ce que tu as un objectif personnel qui te tient particulièrement à coeur ?
Mon objectif est de déménager en Californie et de développer Refer Me Please depuis San Francisco ou Los Angeles. Vivre sous le soleil californien, me balader avec un boosted board aux pieds et changer le monde à travers mon travail, c’est un peu un rêve de gosse.
Quelles sont les 3 choses que tu aimes par dessus tout ?
Je vais plutôt en citer 4 :
- La musique : je suis DJ et j’adore mixer dans les lieux où je me rends. J’ai eu la chance de mixer à Lyon, Paris, à Cannes et aux US.
- La photographie : j’aime principalement prendre des portraits des gens que j’aime
- Les série TV : je suis un addict, donc il faut que je fasse attention. Youtube me prend pas mal de temps également.
- Le sport : je fais du sport tous les jours à 6h pour être en forme toute la journée
Est-ce que tu as une anecdote plutôt drôle à nous partager ?
Il n’y a pas si longtemps, j’ai entendu parler d’un concours de start-ups du recrutement. J’ai immédiatement prévenu mes associés et nous avons décidé d’y participer. Le concours était basé à Milan, en Italie, et nous étions en tout 14 start-ups participantes. L’objectif était de pitcher et le gagnant remportait de nombreux partenariats ainsi que la possibilité de lever des fonds.
Une fois arrivés dans l’immense amphithéâtre, le speaker demande si certains participants ne parlent pas italien. Nous sommes les seuls à lever la main, et il nous répond qu’il ne parlera pas anglais pour autant… Tout va bien.
L’heure des pitch est arrivée et comme nous pouvions nous l’imaginer suite à l’introduction du speaker, toutes les startups ont fait leur pitch en italien. Nous passons en dernier et notre pitch était très rodé, très vivant, mais en anglais. Apparemment, très peu de gens ont compris le concept de Refer Me Please et nous avons évidemment perdu. Une belle expérience, qui ne se reproduira pas. Enfin je l’espère !
Quels conseils aimerais-tu donner à la génération Y ?
Go ! Fais et tu verras. Quoi qu’il se passe nous n’avons rien à perdre, au contraire, j’aurais vraiment regretté de ne pas me lancer dans l’aventure qui me tenait particulièrement à coeur.
Comme l’a dit Jean-Charles (Lire le portrait de Jean-Charles), tu peux monter ta boite pour pas cher aujourd’hui. Il y a des aides, des accélérateurs, des blogs comme celui-ci. Il faut juste mettre de côté cette peur et y croire un minimum.
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